Strasbourg l'européenne
La construction européenne est, par nature, diverse : politiquement, culturellement et géographiquement. Depuis 1945 et après les traumatismes des guerres, les Européens ont reconstruit une amitié et une coopération fortes entre les peuples. Le choix de Strasbourg comme l’une des capitales européennes en est le fruit et le symbole.
Un héritage historique
Ville frontière qui changea cinq fois de nationalité en 75 ans et qui fut le théâtre de nombreux combats, Strasbourg incarne les drames vécus dans de nombreux territoires européens, la fracture entre les peuples mais aussi leur réunification. La ville a ainsi acquis une légitimité historique et politique qui donne corps au projet européen. C’est pour cela que, dès 1948, elle est choisie pour accueillir l’assemblée consultative du Conseil de l’Europe comme symbole de la réconciliation franco-allemande. L’idée des Pères fondateurs de l’Europe est de tirer les leçons du passé en respectant l’Histoire et la spécificité de chaque territoire, chaque ville, chaque peuple. C’est le début de l’Europe polycentrique, qui reste aujourd’hui un élément important de la construction européenne. La recherche d’un équilibre des institutions et agences européennes entre les différents pays membres illustre cette volonté.
Une nécessité démocratique
Le Parlement Européen est un organe indépendant de l’Union européenne, séparé des pouvoirs exécutifs (Commission européenne) et judiciaires (Cour de Justice de l’Union européenne). La tenue des sessions plénières à Strasbourg est un gage d’indépendance pour le Parlement européen. Loin de la « bulle » de Bruxelles où sont regroupés lobbies, fonctionnaires et technocrates, il incarne ainsi sa mission première : faire entendre la voix des citoyens.
Un équilibre géographique
Dès ses débuts, le Parlement européen adopte une organisation sur plusieurs sites, afin de respecter cet équilibre géographique : le siège à Strasbourg, où se tiennent une semaine par mois les séances plénières : tenue des débats sur des sujets majeurs de politique européenne, accueil des chefs d’État et de gouvernement et invités exceptionnels, vote des textes et résolutions. Un lieu de travail à Bruxelles où se tiennent les réunions de commissions thématiques et les réunions des groupes politiques. Un lieu de travail à Luxembourg, qui accueille le Secrétariat Général et l’administration.
En tant que Maire, j’ai eu l’honneur d’accueillir à Strasbourg les représentants des nouveaux États membres de l’Union européenne. Slovaquie, Chypre, Pologne, Lituanie, République tchèque, Lettonie, Hongrie, Estonie, Slovénie, Malte en 2004. Bulgarie et Roumanie en 2007. Cela m’a permis de tisser des liens forts avec les Maires des grandes villes de ces pays. Cette expérience a forgé en moi la conviction de la richesse que représente la diversité des territoires européens et l’importance du respect de chacun. C’est cet esprit qu’incarne Strasbourg l’européenne.
Un engagement constant
Pourtant, l'équilibre géographique fait régulièrement l’objet d’attaques politiques. Pour certains esprits démagogiques, chaque crise est une occasion pour attaquer le fonctionnement du Parlement européen et le siège de Strasbourg. Depuis le début de mon mandat en 2019, je me bats avec détermination pour convaincre mes collègues et rétablir certaines vérités. Non, le siège du Parlement européen n’est pas un scandale écologique. De par ses infrastructures vertueuses, le site de Strasbourg est bien plus économe en énergie que les bâtiments de Bruxelles. Ainsi donc, les sessions à Strasbourg contribuent davantage à réduire la facture énergétique qu’à l’augmenter. Sur le total des émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation d’énergie (Gaz naturel, pétrole, chauffage urbain, électricité) celles du bâtiment de Strasbourg ne représentent que 5%. Sur le total de l’empreinte carbone du Parlement européen, le fonctionnement du siège de Strasbourg ne représente que 14,9%.